Yves Jousse



Yves Jousse peint. Avec acharnement, par nécessité vitale, comme d’autres écrivent. Chez lui, les toiles s’accumulent.
​Ou, au contraire, disparaissent, englouties sous le raz-de-marée d’une inspiration nouvelle en manque urgent d’espace où s’exprimer. De ce qui demeure, j’ai souvenir de séries minimales, étranges et belles études picturales de la ponctuation d’un texte de Roland Barthes. Souvenir encore de ces séries, obsédantes, sur le triangle, aériennes, presque diaphanes, ou au contraire massives et diffusant l’obscur. Tout Jousse est là, peut-être, qui peut jouer sur le presque rien et sur l’abondance. Sur le noir et sur le blanc, bien sûr, et ce fut là le début d’une étroite complicité que la toile aussi accueillit: la rencontre, le rapprochement, l’affrontement de sa peinture et de ma photographie. Il faudrait dire encore dans cette oeuvre le balancement entre le conceptuel et le charnel, le goût de l’abstraction et celui du réel, du plein et du vide, de l’inachevé et du parfait… La synthèse me semble faite aujourd’hui de ces attirances toujours duelles, souvent opposées, et dont les regrets même les repentirs peuvent se retrouver dans la toile: les derniers travaux d’Yves Jousse en témoignent, comme un superbe et troublant cortège du double.